Les sanctions sont devenues un outil privilégié de la politique étrangère des pays occidentaux. Les mesures économiques coercitives telles que les droits de douane, les sanctions financières et les contrôles à l'exportation touchent un grand nombre d'entreprises et d'États dans le monde entier. Certaines de ces sanctions visent des acteurs non étatiques, tels que les cartels de la drogue colombiens et les groupes terroristes islamistes; d'autres s'appliquent à des pays entiers, comme la Corée du Nord, l'Iran et la Russie. Les décideurs politiques considèrent les sanctions comme une tactique à la fois peu coûteuse et efficace. Cependant, ces mesures ont également des effets secondaires au-delà de leurs cibles, par exemple sur les marchés de matières premières, les entreprises multinationales ou les populations des pays visés, qu'il convient de prendre en compte afin d'évaluer l'efficacité des sanctions. Dans son récent ouvrage, Backfire, Agathe Demarais défend ainsi l'idée que les sanctions transforment la géopolitique et l'économie mondiale. Elle analyse également les mécanismes financiers que les pays sous sanctions mettent en place afin de s'immuniser contre ces mesures - une tendance qui pourrait diminuer, à long-terme, l'efficacité des sanctions et priver les démocraties occidentales d'un outil diplomatique dont la guerre en Ukraine a démontré l'importance.